UN VACCIN CONTRE LA FRAGMENTATION DU MONDE

L’Europe doit développer son propre vaccin contre la fragmentation du monde

L’attitude irresponsable des Etats-Unis et, plus près de nous, du Royaume-Uni, n’est pas le bon chemin pour préparer l’après-crise du coronavirus et la gestion de la crise économique qui va la prolonger. De mauvaises pratiques nationales exercées au mépris des biens publics universels sapent la gouvernance mondiale. Dans le cas de ces deux pays, elles contribuent à l’effritement de ce qui fut la solidarité occidentale (voire atlantique). Les débats sur le déconfinement soulignent la complexité des décisions à prendre dans des situations qui varient d’un pays à l’autre, notamment en Europe. La coordination et la solidarité seront vitales. A moyen et long terme, la coordination économique va être cruciale pour la réponse nationale et européenne à la crise. Sans les instruments de la BCE, le budget de l’UE et la protection de la zone Euro, son mécanisme de stabilité (ESM) et ses outils de mutualisation de la dette publique, les capacitiés nationales individuelles ne pourront résister au choc. Au plan mondial, les niches d’insécurité laissées béantes par les rivalités entre la Chine, les Etats-unis, et la Russie au second plan, induisent un processus de fragmentation. Avec les impacts de la surchauffe climatique, de la démultilatéralisation, de la guerre commerciale, des pandémies, la mondialisation n’est pas en voie de disparition, comme certains le pensent ou le souhaitent, mais elle se complique progressivement et rapidement d’un processus de fragmentation des zones d’influence et de sécurité. L’Europe peut tout à la fois être infectée par le virus de la fragmentation ou au contraire, saisir la niche que lui ménage ce processus. L’Europe doit développer son vaccin contre la fragmentation de la mondialisation[5].